La vieille maison d'assemblée quaker et son cimetière se trouvent dans le village de Congénies, dans le Languedoc (sud de la France), à une vingtaine de kilomètres de Nîmes et de Montpellier.
Dès les débuts du 17ème siècle, Congénies et les villages environnants réunissaient une communauté d'hommes et de femmes protestants pacifistes localement désignés du nom de « Couflaïres » (Inspirés). Ils élevaient des moutons et des vers à soie, produisant de la laine et de la soie dans la Vaunage, cette fertile vallée ensoleillée entre Nîmes et Montpellier, qu'on appelait alors "le petit Canaan, pays de lait et miel".
Pendant la révolution américaine de 1775-1783, le gouvernement britannique encourageait les navires britanniques à saisir tous les navires français qu'ils trouvaient, ainsi que leur cargaison, car la France soutenait les colons. Un quaker britannique, Joseph Fox (aucun lien de parenté avec George Fox), était copropriétaire de deux navires et, contre sa volonté, ses copropriétaires ont obtenu des lettres de marque permettant aux navires de s'engager de manière lucrative dans l'attaque et le raid des navires français sur l'Atlantique.
Fox est consterné et décide d'accepter sa part des profits uniquement au nom des propriétaires français. Il a investi l'argent et lorsque la paix a été déclarée, il a ordonné à son fils, le Dr Edward Long Fox, de se rendre à Paris et de publier un avis payant dans la Gazette de France offrant d'indemniser tous les propriétaires et assureurs des deux navires (et de leur cargaison) qui avaient été saisis. Le Dr Fox invite les gens à lui écrire pour lui faire part de leurs revendications. Pour pouvoir publier l'avis, le Dr Fox doit d'abord obtenir l'accord du Premier ministre français. Lorsque la Gazette a été publiée, il a découvert qu'un paragraphe d'introduction avait été ajouté à son texte (vraisemblablement à la demande du ministre), détaillant la foi et la pratique des Quakers et affirmant catégoriquement que les Quakers ne se livraient pas à la piraterie.
La Gazette de France fut lue à Congénies, et cinq personnes parmi les "Inspirés" écrivirent à Joseph Fox. Dans leur lettre, ils expliquèrent qu'ils n'avaient rien à réclamer concernant les navires, mais qu'ils étaient impressionnés par les principes quakers (qu'ils partageaient totalement) et qu'ils souhaitaient le rencontrer. Ils envoyèrent ensuite Jean de Marsillac visiter des Amis à Londres. En 1788, ils fondaient la première Assemblée quaker de France.
La maison d'assemblée de Congénies fut construite en 1822, à l'aide de fonds fournis par les Amis anglais et américains. L'Assemblée compta jusqu'à 200 familles nombreuses, sur une vaste région, tout au long du 19ème siècle. Puis elle déclina, après le départ de ses jeunes hommes, obligés de s'expatrier pour éviter le service militaire obligatoire. Les jeunes femmes de la communauté épousèrent des protestants et les quakers furent ainsi réabsorbés dans la communauté protestante.
Le dernier culte eut lieu en 1905. La maison fut ensuite vendue, en 1907. Elle fut utilisée de façons variés au début du 20ème siècle, avant d'être renommée villa Quaker et convertie en résidence privée par des Quakers, retraités du consulat britannique à Marseille. Par la suite, vendue deux fois mais toujours à des Quakers, la maison fut achetée en 2003 par l'Assemblée de France. La Maison Quaker a réouvert ses portes en 2004 pour des réunions de recueillement, et depuis automne 2007 le Centre Quaker y organise des retraits, des ateliers, des groupes de discussion.
Pour savoir plus sur les quakers en France d'aujourd'hui, vous pouvez consulter https://quakersenfrance.org